Seulement toi : être seuls ensemble
Dans le duo de danse contemporaine Seulement toi, la chorégraphe et interprète Anne Plamondon ouvre un dialogue sur l’acceptation de l’autre, de ses différences et sur le fait qu’on ne peut compter que sur soi-même.
Vêtus de vêtements amples, deux personnages – interprétés par Anne Plamondon et James Gregg – se meuvent, s’enlacent, puis se repoussent sur la scène. Au gré du temps, ils établissent, non sans effort, un dialogue composé de quelques paroles échappées, mais surtout de regards et de mouvements. « Ils cherchent à se faire comprendre, mais aussi à comprendre l’autre, mais leur communication n’est ni organique ni naturelle », explique la chorégraphe, Anne Plamondon.
Les danseurs se servent aussi de l’espace et du décor pour communiquer et se ressourcer, ajoute celle qui a enchaîné ses premiers pas sur la scène professionnelle avec les Grands Ballets canadiens. « Une œuvre photographique de l’artiste visuelle Hua Jin imprimée sur neuf grandes toiles sépare la scène en deux espaces. Derrière les toiles illuminées, on peut s’imaginer que c’est leur appartement, un endroit où ils se retrouvent seuls. Devant les toiles, c’est là qu’ils communiquent et qu’ils dialoguent ».
Les toiles tapissées de branches, d’arbres, de ronces et de feuilles vertes rappellent le printemps à la fois doux et tortueux « C’est comme la vie, ce n’est pas une ligne parfaite. La ronce rappelle les défis de la vie et qu’il faut trouver son chemin parmi les petits détours que l’on prend », ajoute Anne Plamondon.
Croire en sa valeur
Bien que les thèmes de la quête de soi et de la solitude explorés dans Seulement toi semblent tirer leurs racines de l’isolement induit par la COVID-19, la chorégraphie a été créée avant la pandémie. « Le spectacle a été annulé le 12 mars 2020, soit cinq jours avant la première, c’est assez particulier ! On l’a repris cette année seulement et je me suis rendu compte que ces thèmes étaient plus pertinents que jamais », explique Anne Plamondon en ajoutant avoir retravaillé au cours des derniers mois plusieurs moments chorégraphiques.
« On vit dans un monde tellement virtuel, on recherche des liens affectifs entre amis, amoureux, parents et enfants. On a tous besoin des autres… Mais la réalité, c’est que le seul vrai témoin de ta vie, c’est toi-même. Personne d’autre n’a vu tous les moments de ta vie ! Tu ne peux compter que sur toi. Ce n’est pas pessimiste ou triste, c’est plutôt d’écouter ta voix intérieure et croire en ta valeur ».
Une danse contemporaine enracinée dans le ballet classique
La chorégraphe qui compte plus de 20 ans d’expérience sur scène souligne que Seulement toi, comme toutes les chorégraphies qu’elle crée, s’ancre dans la fluidité et la précision du ballet classique tout en revêtant des accents d’autres styles de danse explorés en cours de carrière.
« Comme artiste, il faut rester curieux et ajouter des couches d’apprentissage pour faire en sorte que la chorégraphie va pouvoir parler plusieurs langues. J’ai le souci de la précision du geste, que ce soit un geste très humain ou un geste très technique. Ma recherche, c’est toujours dans un vocabulaire chorégraphique. Dans ma danse contemporaine, il y a du mouvement. Je crée, en fait, à partir du mouvement et la dramaturgie s’intègre par la suite », explique-t-elle.
Et ce langage chorégraphique, chaque spectateur l’analyse avec son regard et son propre vécu, conclut-elle. « On espère toujours que les spectateurs saisissent quelque chose, peut-être pas de la manière qu’on avait prévu. Quand quelqu’un me dit « et bien moi, j’y ai vu ça », je me dis : « ah ! c’est super ! Je ne l’avais pas vu comme ça ! »